Va te faire foutre, maman.

Pour la fois où tu m’as jeté à travers la porte du placard juste en passant parce que « ma tronche te rappelais trop celle de mon connard de père »,
Pour les fois où tu t’es mise sans raison à nous gifler encore encore et encore,
Pour la fois où je suis rentré de l’école et tu essayais de te trancher la gorge alors que mon frère pleurait à tes pieds,
Parce que tu le regardais même pas,
Pour la fois où t’es sortie à moitié nue dans la rue avec une pioche,
Pour la fois où tu m’as jeté de la voiture en plein milieu des bois,
Pour toutes les fois où tu nous as dit que t’avais le droit de vie ou de mort sur nous,

Parce que y a que toi qui existait,
Parce que tu as détruit tes enfants en voulant en faire de force tes alliés dans une guerre imaginaire,
Parce que tu as inventé et ajouté jour après jour de nouveaux aspects au préjudice que tu as soi-disant subi,
Parce que rien de tout ça n’était vrai,
Parce que tu voulais juste qu’on déteste notre père,
Parce que tu voulais juste nourrir ta haine et nous nourrir avec,
Parce que t’as jamais accepté qu’on veuille pas partager ta colère psychotique, alors tu nous as haïs aussi

Parce que t’as jamais écouté ni eu envie d’écouter le moindre des mots qui est jamais sorti de nos bouches,
Pour chaque hurlement,
Pour chaque mot-coup de poing que tu as asséné de toute tes forces,
Parce que c’était tous les jours,
Pour chaque chantage affectif,
Pour chaque fausse tentative de suicide,
Pour chaque mensonge délirant,
Pour chaque tremblement de terreur avant de passer la porte de la maison,
Pour les fois où on a dû appeler les pompiers ou la police à cause de ta violence,
Pour l’intelligence dont tu as fait preuve en cachant tes horreurs derrière une couverture de rationalité,

Pour le doute que tu as nourri qui s’est insinué comme une fissure dans les fondations de mon esprit,
Pour la fois où tu m’as dit qu’à cause de moi t’as jamais revu ton père vivant,
Parce qu’en réalité c’était de ta faute et que si personne voulait te parler c’est parce que tu es pourrie,
Parce qu’à cause de toi j’ai cru que c’était moi le monstre,
Parce qu’à cause de toi j’ai voulu cesser d’exister,
Parce qu’à cause de toi j’ai jamais commencé à exister,

Pour la fois où tu m’as dit que si j’étais un raté c’est normal c’est que j’étais juste un brouillon d’enfant,
Pour les fois où sans raison tu me téléphones pour me dire que je suis un connard et un enculé qui mérite chaque seconde malheur qui lui arrive,
Parce que j’étouffe sous le poids de la rancune et de la haine,
Parce que j’ai peur que tout le monde me haïsse et m’abandonne affectivement comme tu l’as fait,
Parce que j’ai peur de devenir toi en recherchant obsessivement l’existence et l’affection dont tu m’as privé,
Parce que je porte ton souvenir comme une plaie ouverte dans mon esprit,
Parce que j’ai jamais eu le cran de prononcer le moindre de ces mots.

Parce que j’en ai marre d’avoir de la peine pour toi,
Parce que j’en ai marre de culpabiliser de plus vouloir aucun lien avec toi,

Parce que t’as toujours pensé qu’à ta gueule de connasse paranoïaque dont les mots étaient les armes d’une violence abusive,

Parce que c’est toi le monstre,

Va te faire foutre, maman.

[Phobie Sociale] Ma tentative de suicide

Comme promis à la fin de L’art de l’esquive (que vous n’êtes pas obligés de lire si vous débarquez à l’improviste mais il place tout de même le contexte très personnel sur lequel je me base pour écrire tout ceci) je vous balance ce billet sur le suicide. Juste pour gueuler sur une petite phrase toute bête que j’ai croisé tellement de fois qu’elle finit par me hérisser le poil dans le mauvais sens à la sauce super sayan :

« De toute façon, se suicider, c’est lâche et égoïste. »

NON.
Bon, je vais peut-être développer un peu (et parler de manière subjective car je ne saurais m’exprimer à la place de tous).

La tentative de suicide est un passage à l’acte psychologiquement violent, la voir comme un acte de facilité et culpabiliser son auteur c’est nier en bloc toutes les raisons qui l’ont poussé à commettre son geste, et donc mettre une entrave très agressive à sa compréhension. Étant passé par là, je ne peux pas m’empêcher de bondir chaque fois que je lis ce genre de banalités qui sont (probablement de manière non-intentionnelle) d’une insensibilité notoire.
Ce qui est d’ailleurs paradoxal et je suis assez enclin à l’admettre, c’est qu’effectivement au long de ma joyeuse vie de phobique social, j’ai toujours vu le suicide comme une porte de sortie, comme la dernière carte à jouer au cas où ça deviendrait trop dur. (J’ai d’ailleurs toujours cette manie). C’est une idée réconfortante, de se dire que « au pire des pires, y a toujours la grande esquive à envisager », on se donne l’illusion d’avoir plus de choix et ça permets d’adoucir l’angoisse. C’est peut être ce qui encourage d’ailleurs les gens à dire que c’est un acte lâche et égoïste, car quand on y pense de loin, comme ça, vite fait, ça y ressemble.

Les choses sont nettement moins faciles à définir lorsqu’on l’on est au pied du mur et chargé de détresse.

Après 25 années de phobie sociale et avoir foiré ma 3ème reprise d’étude à cause de cette pathologie, sans aucune idée de ce que j’allais faire de mon avenir inexistant, sans avoir qui que ce soit autour de moi qui comprenne mon problème, j’étais au fond du trou et il a « suffit » d’une rupture très douloureuse pour achever un travail très bien entamé. Je me suis retrouvé ce soir là avec posés sur mon bureau une 50aine de comprimés que je m’apprêtais à avaler par grandes poignées. Pendant une bonne demi-heure je suis resté là, à les regarder.

Être égoïste, ne penser qu’à soi, je ne l’ai pas fait beaucoup durant ces longues minutes. J’ai beaucoup pensé aux autres. A ma famille, à mes (quelques amis). A la peine qu’ils auraient bien sûr, mais aussi surtout à la peine que je leur causais en étant vivant, à l’inquiétude et la déception que je provoquais sans cesse, avec mon incapacité à évoluer dans la vie, à me prendre en main, à vivre tout simplement. Peu à peu, je me suis convaincu que j’étais un problème pour eux, et que si je disparaissais ce serait difficile sur le moment, mais également un soulagement pour tous, à long terme pour eux comme à court terme pour moi. L’usure mentale des années de phobie sociale et la douleur très vive de la déception amoureuse agissaient comme des catalyseurs pour enjoindre ma raison à accepter cette vision biaisée et déformée des choses. Au pied du mur, la motivation n’est pas égoïste. Au pied du mur, on a l’impression que l’on va à la fois se délivrer de sa souffrance mais aussi délivrer les autres du fardeau que l’on est pour eux.

Être lâche , se défiler, une fois que l’on a perdu la bataille et que l’on voit le passage à l’acte comme une solution, ce serait de ne pas se tuer. On ne voit plus le geste que l’on va faire comme une esquive, mais comme une action, qui demande un courage et une volonté forte. Et quand vous avez dans la main une poignée de comprimés à porter à votre bouche, le geste pèse lourd, la peur est écrasante. Il m’a fallu 10 minutes pour perdre la bataille de la raison, il m’en auras fallu 20 supplémentaires pour gagner celle contre la peur. Je ne peux pas parler au nom de tous les gens qui ont fait des tentatives de suicides dans leur vie, mais je doute que beaucoup d’entre eux définissent sur le moment leur geste comme lâche, ou faible.

On peut bien sûr a posteriori et avec le recul juger de manière très différente son geste, mais les gens qui assènent ces petites phrases assassines sur l’égoïsme et la lâcheté, on sent bien quelque part que c’est une condescendance, qu’ils pensent bien trop aux autres et sont bien trop courageux pour avoir ce genre d’idées saugrenues. Comme si eux étaient immunisés contre l’usure mentale et la détresse, que ça n’arrive qu’aux autres, les faibles.

Et pourtant c’est bien de penser aux autres et avoir du courage qui m’ont aidé à avaler trois énormes poignées de médicaments, puis me retrouver à l’hôpital à la limite de l’arrêt cardiaque.

Faire passer le suicide comme un acte de faiblesse, c’est contribuer à oublier qu’il s’agit avant tout d’un acte de détresse et qu’on peut tous y être confrontés un jour ou l’autre. Tachez de ne pas l’oublier avant de juger les autres.

Vouloir faire baisser sa libido, ce crime contre l’humanité

Lors de déambulations hasardeuses sur internet, je suis tombé sur un forum où des hommes demandaient s’il existait un traitement ou des médicaments qui faisaient drastiquement baisser voire supprimaient leur libido (certains demandaient carrément s’il était possible de demander une castration chimique volontaire). Je m’attendais assez naïvement à lire des réponses positives et des conseils sur tel ou tel médicament (puisque l’on crée des « traitements » pour augmenter la libido des femmes -vaste débat déjà-, que l’on a inventé le viagra pour pallier à l’impuissance masculine et prolonger dans le temps sa capacité à pratiquer le sexe, j’ai osé penser que la réciproque dans l’autre sens était envisageable).

Au cas où je précise d’avance, loin de moi l’idée d’entretenir le cliché de « l’homme qui a toujours envie et la femme jamais » je me concentre simplement sur ces personnes qui – dans un système privilégiant grandement l’inverse – souhaitent voir leurs envies diminuer.

Les raisons de leurs demandes étaient pour moi indiscutables. Un bosseur célibataire endurci qui veut consacrer sa vie et son temps à son travail et qui n’envisage ni de se mettre en couple avant une longue période et qui n’a aucun intérêt pour les relations d’un soir, un mari aux désirs fréquents qui souhaite tout simplement s’adapter aux désirs moins fréquent de sa femme sans ressentir de frustration nocive, un retraité marié qui n’a plus de vie sexuelle et qui souhaite être libéré de toute pression…

A la lecture de ces témoignages, en dehors du « Je souhaite être libéré de la frustration » finalement se dégage souvent une deuxième mécanique plutôt louable « Je ne souhaite pas voir ma femme / les femmes comme un / des objet(s) qui servent à assouvir mon désir lorsqu’il est à sens unique ». Dans un monde où tout est là pour déculpabiliser les hommes de forcer la main aux femmes, ou la sexualité à tout prix est louée comme un Dieu universel, j’ai franchement eu un sourire de sympathie pour ces personnes qui ont avoué d’une part l’impériosité de leur désir (je vais y revenir) et d’une autre la sincère intention inébranlable de respecter leur partenaire et leur engagement. Bien entendu attention, il n’est pas non plus question de canoniser ces personnes et d’en faire des saints qui se sacrifient pour autrui. La démarche est avant tout personnelle et bénéficie surtout et en premier lieu à eux mêmes (on pourrait prendre comme exemple le célibataire). C’est leur souffrance qu’ils souhaitent éliminer, et ce respect n’en est qu’une motivation éventuelle, mais si ils en viennent à poser cette question, c’est qu’il est déjà hors de question de forcer la main de qui que ce soit, ou de manière générale que toute alternative oppressive est tout simplement exclue. (Chose qui dans un monde idéal ne devrait pas être félicitée mais acquise, mais le monde idéal on en est loin non ?).

Je vais m’arrêter quelques instants sur la frustration et la souffrance qu’elle génère, pour de multiples raisons. D’une part car tout le monde ne l’expérimente pas forcément (comme je le répète souvent, il y a autant de ressentis que d’individus, et les tendances ne devraient pas devenir normes), et d’autre part parce qu’elle a BEAUCOUP TROP SERVIE pour JUSTIFIER des TAS et des TAS de CONNERIES, à un tel point que parfois, elle est niée en bloc comme si elle n’était qu’une mauvaise excuse de connard, donc j’aimerais être assez précis sur ce point pour ne pas être mal compris.

Je vais pas faire tout le panel existant de possibilité d’expérimenter sa sexualité ou non-sexualité (je suis pas vraiment compétent pour en parler) mais oui, pour certaines personnes (je dis bien PERSONNES, pas hommes, vous ne m’entendrez pas dire « les hommes ont des besoins », bullshit, vade retro satanas) la libido est quelque chose d’impérieux, quand une envie se présente, quand un désir pointe le bout de son nez, (même d’origine totalement affective), il exerce une pression, il reste et il envoie des signaux psychologiques et corporels négatifs de rétorsion tout le long de sa non-satisfaction (je n’aime pas faire de parallèle avec la faim, mais c’est en somme une analogie plutôt correcte en terme de ressenti physique & mental, et qui s’arrête là car il ne s’agit pas ici de « consommer un objet » et cette comparaison aurait tendance à faciliter un amalgame déjà bien trop encouragé). C’est quelque chose que j’expérimente personnellement, c’est pour moi un fait avéré MAIS ça n’a jamais servi d’excuse à quoi que ce soit tout au long de ma vie, mes partenaires n’ont jamais été des cheeseburgers que je m’empresse de tenter de consommer sans me poser de question dès que j’ai une petite fringale.

Lorsque l’on vit sa libido de cette manière, la frustration est quelque chose que l’on doit gérer, qui tente de s’insinuer dans nos schémas de pensée pour nous faire croire qu’il est normal d’éprouver de la rancune envers la personne qui ne donne pas satisfaction, qu’il est légitime de se sentir rejeté et humilié par la non-réciprocité du désir, ou qu’il est normal d’en être blessé affectivement… bref, le mental va jouer toutes les cartes possibles pour tenter de A) justifier tout et n’importe quoi si vous êtes un gros connard ou B) vous rendre simplement malheureux si vous ne l’êtes pas. (Et la société, haha, elle est pas là pour vous décourager de le faire ou de l’être. Non, on vous présente les femmes comme des objets de consommation mais aussi comme des grognasses qui de toute façon n’ont jamais envie et sont tellement compliquées -d’ailleurs y’a des pilules pour régler ça *clin d’œil*-, on vous fait comprendre que les mecs qui ne baisent pas sont des losers, qu’il faut trouver des astuces pour « pimenter » sa vie de couple… et nianianiania vous connaissez le refrain hein ?) Il faut donc se faire un minimum violence pour ne pas se laisser avoir par ce mécanisme mental (et toutes les injonctions le légitimant), tout simplement prendre sur soi.

Quand je dis prendre sur soi, dans mon cas, c’est juste pour ne pas en souffrir. Si je prends pas sur moi ça veut pas dire que je vais avoir envie de forcer la main de ma compagne, ou de lui en vouloir, ou de la tromper, mettons nous bien d’accord là dessus. IL EST FUCKING HORS DE QUESTION de faire du tort, et il n’y a AUCUNE EXCUSE à le faire. Ça veut juste dire que ça va me faire du mal, générer de la souffrance, pour pas grand chose et c’est foutrement con, convenons en.

Tout ça pour dire quoi ? Tout ça pour dire que ces personnes qui demandent une pilule miracle pour avoir moins / plus du tout de libido, je les comprends. Je les comprends même très bien. J’ai la chance dans mon couple actuel d’avoir une partenaire avec qui j’ai une très grande complicité et une vie sexuelle épanouie, mais ça n’a pas toujours été le cas. Lors d’une relation précédente où ma libido était très très très (très très) largement supérieure à celle de ma partenaire, gérer tout ça était quelque chose d’usant. Je dis pas que c’était atroce ou ingérable ou [insérer ici du ouin ouin], non, mais je vivais mon désir comme un poids, un boulet à trainer qui ne m’apportait rien de bon et il était hors de question que ce soit ma partenaire qui en paye le prix. Alors oui effectivement, si il avait existé un médicament dédié à faire baisser ma libido, je l’aurais pris avec joie, pour faciliter cette gestion, pour passer moins de temps à « prendre sur moi » et le faire plus efficacement. Car dans une relation, la sexualité ne fait pas tout, car si je vis mon désir comme une pression parfois il n’est pas question que je la répercute sur la personne que j’aime et qu’à son tour cette personne vive MON désir comme une pression, car les injonctions à la sexualité forcée et à la satisfaction de monsieur sous peine de rétorsions sont déjà largement assez présentes partout et que d’aucune manière il est admissible que j’en ajoute ne serait ce qu’une once sur la personne que j’aime et que je respecte, car il est absolument inimaginable que je trompe ou quitte cette personne à ce motif… Bref pour en revenir à mon discours du début, si il existe du viagra, si la pilule pour la libido féminine va être mise sur le marché, il n’y pas de raison qu’un anti-libido ne le soit pas. Il n’y pas de raison que l’on ne fournisse pas à cette demande une réponse, car je ne vois rien de malsain que ça puisse engendrer, bien au contraire.

Évidemment petit bonus, qu’à t-on répondu à ces gens ? (Car c’est effectivement ça qui m’a fait bondir et donné envie d’écrire un billet là dessus malgré ma légendaire flemme rédactrice)
Et bien *pas trop de suspens là dessus* CE GENRE DE CONNERIES

connard

« Voilà voilà. C’est inhumain. Oui oui. Et puis c’est de sa faute si elle veut rester avec elle a qu’à accepter qu’il aille (mais discrètement c’est mieux hein) voir d’autres filles ou des prostituées. Ça c’est pas inhumain ça c’est normal oui oui. » -_-

Bref en gros y a toute la série suivante (pas que heureusement) :
« Paye toi une pute » « Si t’es pas heureux quitte là » « C’est de la mutilation » « La castration chimique c’est pour les pédophiles » « Prends toi une maitresse » « Sors un peu » « trouve toi quelqu’un d’autre » « vous êtes que des porcs de toute façon » « tu devrais pas souffrir de ça »

Là je dis MAIS PUTAIN DE BORDEL DE NOUILLE A QUEUE, c’est quand même pas croyable. Les mecs expriment une souffrance et demandent une alternative, une aide, autre que celle d’être un parfait trou du cul parce que pour eux c’est pas envisageable, et on leur réponds soit « Mais siiii, soit un trou du cul. C’est normal d’être un trou du cul. » ou alors « Mais non tu souffres pas ». Ca me fait tout bonnement halluciner. Pour une fois que des gars demandent à ce que la différence ou l’absence de désir ne se fasse pas au détriment d’eux même et surtout d’autrui, qu’ils ne veulent pas se comporter en abrutis, laissez les poser leur putain de question et si vous n’avez pas une réponse constructive fermez vos putains de gueules. C’est ceux qui font chier leurs femmes du matin au soir pour avoir un peu de cul et qui vont leur dire « Tiens y a la nouvelle pilule là pour que t’aies un peu plus envie de piner » qui viennent baver que prendre une pilule pour faire baisser la libido c’est inhumain et c’est de la mutilation, c’est ceux qui en ont rien à battre de tromper, ou de forcer leur nana qui viennent traiter de monstres ceux à qui ça n’a jamais traversé l’esprit. Non mais ARGH BORDEL arrêtez moi je vais commettre un meurtre !!!

*Quelques coups de poing dans le mur et une tasse de thé plus tard*

Enfin bref. Je voulais exprimer ma sympathie pour cette poignée de personnes dont j’ai lu les témoignages, et mon « allez vous faire foutre » le plus cordial à ceux qui viennent piétiner leur demande avec leur sabots d’égoïstes répugnants. Et surtout tant qu’à faire réitérer la question. Vous, si vous étiez dans une situation comme celle là, souhaiteriez vous prendre une médication ? Y en a t-il une en accès libre ? – Je n’ai personnellement pas trouvé, donc le cas échéant, pensez vous qu’il serait normal qu’elle existe ?- Ne trouvez vous pas que cette alternative mérite au minimum d’être discutée de manière constructive au vu des avantages évident qu’elle possède ? Ne serait ce pas un encouragement à résister aux injections stupides en matière de frustration ? A faciliter le travail sur soi ?

(Si vous voulez en savoir plus sur les dommages que peuvent faire la pression sociale & personnelle au sexe sur une personne et sur les femmes en général, puis d’ailleurs même si vous voulez pas, LISEZ CECI, C’EST UN ORDRE ! http://une-sourde.over-blog.com/2014/01/je-me-pensais-asexuelle.-les-cons%C3%A9quences-de-la-pression-sociale-sur-la-libido-et-autres-r%C3%A9flexions.html )

[Phobie Sociale] L’art de l’esquive.

Comme beaucoup des gens dans mon cas, au fil des années passées à vivre avec une angoisse sociale constante, j’ai développé ce qu’on pourrai appeler des techniques de défense radicales. (Et radical ici n’est PAS synonyme d’efficace, mais plutôt d’overkill.)

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« Avec cette mine terrestre atomique, adieu les taupes ! »


La peur, ce n’est quand même pas un phénomène anodin (vos yeux ébahis témoignent de la stupeur provoquée par cette révélation). Quand votre corps passe en état d’alerte maximum pour se défendre d’une situation jugée comme dangereuse, il envoit tous les signaux désagréables possibles et imaginables pour vous faire comprendre qu’il faut FUIR POUR VOTRE VIE PAUVRE FOU. C’est comme la douleur, elle n’existe que par nécessité de nous conditionner à fuir une menace ou nous indiquer son existence, et sans vouloir m’avancer de trop sur un terrain que je ne connais pas, ces mécanismes doivent tout de même faire partie des câblages les plus primitifs de notre bien aimé cerveau et du TOP 10 des raisons pour lesquelles nous avons survécu aux ours dans les grottes, aux araignées dans les arbres et au come back de Cher dans les années 90 (encore que).

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« douyoubiliiiiveinlayfafteurleaaauve »

Après tout c’est quand même bien utile la peur (cf illustration ci-dessus), mais comme dans les films de science fiction, quand le système de défense le plus perfectionné commence à perdre les pédales et à hacher menu tout ce qui passe pour en faire du steak haché Bigard, il est temps de se faire un bon barbecue y’a Gérard qui va ramener des saucisses on va se la jouer Merguez Party de vous faire la malle et de quitter le navire, même avec votre caleçon Bob l’éponge sur les chevilles. Bien sûr, chez l’anxieux social, la peur récurrente ne mets pas bien longtemps à devenir un Hal9000 personnel.

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« I’m sorry, I’m afraid I can’t do that, Dave. »

C’est là que les ennuis commencent. Petit à petit, les excuses commencent à vous venir naturellement « Ah une soirée chez Loïc ? Quel dommage, je dois assister à la mise bas d’une dragonne millénaire dans le Vaucluse. » ( ça s’améliorera avec le temps, sur la fin j’arrivais à esquiver des semaines entières de boulot en inventant des catastrophes familiales tellement sordides qu’un esprit sain n’aurait pu les inventer ). Et on se sent bien. Foutrement bien même. Adieu, la peur, bonjour la tranquillité. On a pris notre premier fix, et on se croit le roi du monde, la main dans le calbut devant la dernière vidéo de Sacha Grey en pantoufle devant un téléfilm d’une qualité irréprochable. Il suffit de se défiler de tous ces petits tracas qui vous angoissent.

La fuite devient votre meilleure alliée. Elle devient même plus que ça, elle devient votre âme soeur, votre amante, qui à chaque épreuve dans son sourire radieux et bienveillant vous appelle à l’embrasser, à ne voir qu’elle, à voir en elle votre salut. Si elle est là, vous n’avez plus rien à craindre. Elle est l’alpha et l’oméga de votre vie. (Elle ne fait pas le café, faut pas pousser, mais c’est pour ça vous avez une machine Malongo).

Sauf que. *JINGLE DRAMATIQUE*

Ces petits tracas qui vous angoissent. C’est avoir des amis, c’est avoir une compagne, c’est prendre ses responsabilités, c’est téléphoner pour commander une pizza ou prendre un rendez vous chez le médecin. C’est aller chercher du pain. C’est avoir de la spontanéité dans ses échanges avec autrui. C’est aller en cours ou au travail, avoir des projets, avoir des envies, assumer ses désirs et ses sentiments. Peut-être même manger, boire ou simplement marcher dès lors que vous avez de la compagnie.


Soudain, vous n’êtes plus personne, vous êtes un mythomane et un lâche, un toxicomane de l’évitement. Prêt à bondir sur la moindre occasion pour se défiler, laisser en plan ceux que vous aimez, et vous même. Vous ne savez pas dire non, quand on vous demande si ça va, vous allez toujours bien, quand on attends quelque chose de vous, vous dites “oui biensûr” et disparaissez à tout jamais. Une véritable machine à échec et à décéption. On ne peut plus compter sur vous. Et la fuite, c’est le vilain sachet de cocaïne dans lequel vous avez fourré votre nez pour en sniffer jusqu’à la dernière trace, et ce jusqu’à devenir métaphoriquement ce junkie dégueulasse au regard fuyant qui a des nasaux de la taille d’un tunnel ferroviaire. Et une fois au fond du trou, (non pas le tunnel faut suivre là), vous réalisez que vous venez de foutre en l’air toutes vos amitiés, vos relations, votre santé et vos chances d’avenir, et ce pendant plusieurs années (la seule différence notoire avec un vrai toxicomane est que vous n’avez pas spécialement developpé de goût particulier pour les oeuvres psychédéliques ou la musique reggae :’) ).

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« C’est sympa la Bretagne mais ça renifle quand même. YOLO. »

 

Les gens utilisent souvent des jolies phrases du style “de toute façon, il n’y’a qu’en touchant le fond qu’on peut rebondir”. C’est mignon, ce genre de pensée qui permet d’oublier que parfois ceux qui touchent le fond y restent. Ou encore “Réaliser le problème c’est la moitié du travail de fait”. Comme si l’on ne pouvait pas être à la fois lucide et impuissant face à la difficulté. Les mécanismes de l’évitement, ça fait 15-20-30-xx ans que vous les cultivez, vous les connaissez par coeur, ils régissent votre vie (ou non-vie plus exactement) mais ils font partie de vous, vous avez fusionné avec. A partir de là, comment envisager ne serait-ce que d’affronter quoi que ce soit ? A quoi bon ? Est ce qu’on demande aux manchots d’ouvrir des portes ? (L’analogie avec le handicap est un peu forte j’admets volontiers, mais elle a le seul but d’être imagée, pas d’engager une comparaison qualitative).

Le fond est touché, mais y’a pas de super trampoline magique qui vient miraculeusement effacer les millions d’automatismes qui ont transformé votre être dans son essence, jusque dans sa manière d’observer et ressentir le monde. Et à la recherche d’une solution pour faire cesser votre malheur et arrêter de décevoir tous ceux que vous aimez (du moins la poignée restante qui daigne encore tenir à vous) vous vous décidez enfin à agir et à ne plus fuir. Vous cherchez une solution et vous la trouvez.

Pour la première fois de votre vie vous allez prendre une mesure radicale.

Le suicide.

(A suivre)

Phobie Sociale : Comment ça marche ?

Date de publication originale : Août 2009. Inspiré d’éléments personnels et d’une traduction maison d’une vidéo anglaise, j’avais tenté dans ce petit article de décrire un peu comment on se sent quand on est atteint de phobie sociale, afin de faire fuir définitivement toutes les personnes qui croient encore qu’il me reste un soupçon de santé mentale… hahaha. Non bien sûr. Un article « sérieux », pour une fois.


Toutes les personnes atteintes de phobie sociale souffrent de manières différentes, mais la racine du mal est la peur. La peur d’être jugé négativement par les autres à cause de nos actions en situation sociale.

Ces situations ne sont pas seulement les conversations, car la phobie peut intervenir dans n’importe quelle interaction sociale, que ce soit passer un coup de fil, écrire un mail, discuter sur internet, travailler, boire un verre, sortir, manger etc… Absolument toute situation où l’on peut être observés, tout cela parce que le phobique croit en permanence être jugé en tant qu’être inférieur par les autres.

Durant une conversation par exemple, l’anxieux social va être sur-conscient de ses émotions et pensées, va éviter de croiser les regards, n’utilisera que très peu le langage corporel, et va être si extrêmement préoccupé de cacher les symptômes physiques de son stress que la conversation en elle-même n’est plus la priorité dans sa tête.

Plus la situation stressante se produit, plus le phobique aura du mal a briser le cycle, et donc de plus en plus sera rebuté par l’idée même d’une tentative… L’évitement de ces tentatives, censé réduire le sentiment d’angoisse, ne fera que la renforcer de plus belle, car le phobique n’arrive pas à intégrer qu’il n’y a aucun danger a ressentir.

De ce fait, au fur et a mesure que l’angoisse grandit, de manière palpable, le phobique va se persuader que le seul et unique moyen de détruire ce sentiment est de devenir parfait et irréprochable sous tout rapport social quel qu’il soit. Malheureusement, cette poursuite illusoire de perfection ne fera que renforcer encore un peu plus le stress en ajoutant une énorme pression auto-infligée.

Ensuite, le phobique se résignera finalement à éviter toute situation anxiogène, de manière extrêmement dangereuse dans certains cas ( sur le plan financier, médical ou administratif… ).

La différence majeure entre la phobie sociale et ce que l’ont pourrai appeler la « timidité excessive », est la détresse psychologique intense et l’usure mentale ressenti après chaque situation anxiogène, chaque échec, chaque problème.

Peut importe qu’il ai bien agi ou non, le cerveau du phobique lui dira constamment qu’il s’est trompé, qu’il vit dans l’erreur et dans l’échec. Il analysera l’intégralité de ses faits et gestes de manière à interpréter qu’effectivement il a commis une erreur, et se focalisera dessus, renforçant la croyance qu’il est incapable d’appréhender les situations sociales.

On se préoccupe de tout ce que l’on a dit ou pas, du fait que l’on a trop parlé, ou surtout, pas assez, si on parlait assez fort (ce qui souvent n’est pas le cas). Le tout conduit par la pensée rémanente que toutes nos actions sont perçues, analysées, critiquées.

« Si je parle trop, ils vont penser que je suis égoïste et mégalo… »
« Si je parle pas ils vont penser que je suis bizarre… »
« Si je suis hésitant ils vont savoir que j’ai peur… »
« Si je dis quelque chose de faux, je vais être couvert de honte… »
Ad lib.

Le phobique passera son temps à analyser des situations, même très anciennes, des évènements ayant eu lieu des mois, des années avant. Longtemps après que la plupart des gens les ai oubliés.

Une fois de plus, cela renforce l’idée pour le phobique qu’il doit éviter les situations inconfortables pour ne plus souffrir. Ce qui conduit le plus souvent a l’isolement, puis inévitablement la dépression.

Les pensées qui caractérisent la phobie sociale sont récurrentes :

– Avoir peur que les autres pensent que l’on est froid et distant, détaché d’eux, juste parce que l’on a peur de communiquer.

– Toujours trouver d’autres manières de prouver aux gens qu’on les aimes et qu’on tient a eux même si on en a pas l’air.

– Avoir peur de ne pas sympathiser assez avec les gens pour se sentir réellement en confiance et pouvoir se faire des amis.

– Passer des heures a peaufiner ses messages, ses mails, ses textes afin de s’assurer de manière parfaite qu’il ne seront pas incompris.

– Puis passer des heures a penser qu’ils le seront quand même…

-Préparer sans cesse ce que l’on va dire, comment on va le dire, des fois longtemps à l’avance.

-Se sentir désespéré et seul.

Tout cela pour n’en nommer qu’une partie infime.

Mais tout espoir n’est pas perdu, car au fond, les phobiques sociaux sont lucides a propos de leur problèmes, et reconnaissent volontiers la nature irrationnelle et parasitaire de leurs angoisses. Bien que difficile à contrôler, cette angoisse peut être combattue et dominée !

La compréhension et la volonté peuvent venir a bout de nos inhibitions, tout le monde peut dépasser ses peurs, dans n’importe quel domaine que ce soit, mais pour cela il faut absolument procéder par étapes, et accepter que le chemin soit long et difficile, mais la récompense est vitale et nous permettra à tous de nous épanouir dans nos vies respectives.

Courage à tous, et merci à tous les non phobiques qui ont lu ce texte, j’espère qu’ils en tireront une meilleure compréhension, ce qui ne peut être que bénéfique. La reconnaissance de la douleur est déjà pour nous un soulagement.